
Les émotions sont là, elles font parties de nos vies. Souvent on cherche à les réprimer, à les contenir mais c’est comme ça qu’elles rejaillissent ensuite plus fort.
-La violence et l’intolérance peuvent venir de peurs niées et d’une frustration non-identifiée,
-la dépression est parfois la conséquence d’une incapacité à exprimer ses colères,
-l’angoisse peut traduire un refoulement émotionnel trop important.
Savoir gérer ses émotions ce n’est donc ni les nier, ni les réprimer mais savoir les reconnaitre, les nommer, comprendre d’où elles viennent et ce qu’elles ont à nous dire.
On sait aujourd’hui que les émotions ont une influence sur nos vies, nos relations, notre fonctionnement bien plus important qu’on ne le croit. Nos émotions et la manière dont on sait ou pas les comprendre sont déterminantes pour nos performances : on ne peut pas, par exemple, se concentrer quand on est inquiet.
Aussi, à chaque fois que nous remarquons une difficulté à nous concentrer, qu’on se jette sur un paquet de gâteau, qu’un enfant est grincheux ou colérique, nous devrions nous demander quelles émotions se cachent derrière cela et ce que nous pouvons faire pour reprendre le contrôle.
Notre humeur va également influencer nos prises de décision (voire nos indécisions). Nos relations vont, elles aussi, être soumises au caractère fluctuant de nos émotions. Cela va même plus loin, car notre santé elle-même va être influencée par notre humeur. Et les personnes qui ont une intelligence émotionnelle accrue ont une meilleure santé mentale, sont moins sujets à l’anxiété, à la dépression, au stress et au burn out.
Voila pourquoi il est important d’apprendre à Reconnaitre, Comprendre, Nommer, Exprimer et Réguler nos émotions.
Il y a 4 émotions de base, innées, naturelles : La joie, la colère, la tristesse et la peur. Elles ont toutes leur utilité.
La joie sert de moteur à l’envie de vivre et de progresser. Elle est la meilleure source de motivation. Par conséquent la paresse n’est que la conséquence d’une absence de joie.
Par ailleurs la médecine a montré à quel point le moral joue un rôle important dans la guérison (cicatrisation, système immunitaire…) La joie est donc une composante essentielle de la santé physique.
La colère est là pour nous indiquer que quelque chose ne nous convient pas : elle est la garante du respect de soi, elle indique que notre espace vital est envahi par un intrus. Quant à la colère contre soi-même, elle peut indiquer que l’on agit de façon contraire à nos valeurs.
La tristesse permet de clore une période de vie et de tourner la page. Elle est appropriée en cas de deuil mais elle ne doit pas être confondue avec les regrets car la tristesse n’est pas une invitation à se tourner vers le passé mais à passer à autre chose.
La peur nous met en garde contre un danger et nous invite à la prudence. Elle peut aussi nous indiquer que nous ne sommes pas assez préparés face à une situation nouvelle.
A ces quatre émotions de base des degrés existent (du bien-être à l’euphorie, de l’agacement à la fureur, du spleen au chagrin, de l’appréhension à la panique). Tous ces degrés sont également sains et innés. En revanche, d’autres émotions, telles que la honte, la culpabilité, la jalousie, l’envie, la pitié… sont liées à la socialisation (et donc à l’éducation).
Vous avez peut-être déjà été témoin de la petite scène décrite ici :
Dans le bac à sable Paul pique son jouet à Mathilde. Elle est en colère et met un coup de pelle sur le nez de Paul pour « protéger son territoire ». Paul pleure et sa maman le console alors que Mathilde se fait gronder « ce que tu as fait c’est mal » et ressent donc de la culpabilité, de la honte. La prochaine fois, qu’elle aura à protéger son territoire, elle se mettra peut-être à pleurer puisque cela semble plus efficace mais le rôle des émotions se perd. Une scène aussi banale que celle-là nous rappelle les méfaits de la « domestication » que critique Miguel Ruiz dans les 4 accords Toltèques.

Cette scène nous montre comment on apprend mal à écouter et exprimer nos émotions, et nous invite à réinterroger adulte, notre rapport aux émotions qui nous traversent et envahissent parfois.
La honte et la culpabilité ont aussi des rôles, sont utiles mais quand ils sont utilisés à bon escient. La honte joue un rôle social, elle provoque une sensibilité au regard extérieur et au jugement. La peur de la honte met des barrières nécessaires au vivre ensemble.
De même la culpabilité est un signal qui indique la transgression d’un interdit ou de la morale et une prise de conscience du préjudice qu’on peut créer à autrui.
La répression des émotions consiste à séparer les émotions entre celles qui sont autorisées et celles qui ne le sont pas et en modifiant leur fonction (pleurer pour obtenir quelque chose).
Cette répression s’exerce au niveau de la famille, de la société et en fonction des genres (une femme a le droit d’être triste mais la colère est réservée aux hommes).
Du point de vue social, les émotions pourront être exprimées mais de façon modérées et doivent être adaptées à diverses occasions en dehors de ces occasions votre joie passera pour immature ou incongrue (on peut sautiller, siffler et taper des mains dans un concert mais pas parce qu’on croise au supermarché une amie pas vu depuis longtemps.)
Il y a des familles où les émotions s’expriment à grand bruit quand dans d’autres il faut les taire. Enfin il y a des familles où une personne se réserve le monopole d’une émotion (la mère est déprimée alors nous nous devons d’aller bien)
Lorsqu’une émotion est interdite (la colère chez la petite fille, la tristesse dans la famille de la mère dépressive) une autre émotion prend sa place : on l’appelle une émotion « parasite » car elle empêche l’émotion naturelle de s’exprimer. Certaines attitudes (des adultes vis-à-vis des enfants) visent à réprimer les émotions :
-La honte « T’as pas honte de pleurer comme ça »
-le déni. « Arrête ta comédie »
-la culpabilisation « Avec tout ce qu’on a fait pour toi/ Tu me rends triste à agir ainsi… »
-la peur. « Si tu continues, je vais me fâcher »
-le pansement = la récompense si l’enfant arrête.
-le recadrage = donner un autre sens « il pleure/se met en colère car il est fatigué ». Dans ce dernier cas l’enfant devenu adulte se sentira fatigué à chaque fois qu’il sera en présence de l’émotion réprimée. (Certaines personnes présentent des symptômes de fatigues soudaines et ponctuelles qui peuvent s'expliquer par ce "recadrage" dans l'enfance.)
Pour certaines personnes, lorsqu'elles font une crise d’angoisse, c’est qu’une émotion que la personne a appris à refouler remonte du fond du chaudron et menace d’en sortir. Il en est de même pour les phobies, la paralysie, les crises de spasmophilie ou tétanie souvent accompagné de honte et de culpabilité en lien avec les émotions réprimées.
Lorsque la colère est réprimée, niée, refoulée, elle vient parasiter l’énergie sexuelle et rend l’acte agressif et brutal (pour les hommes) ou fait se fermer au désir (plutôt pour les femmes). Parallèlement la colère refoulée va filtrer pour se traduire en comportement blessants, ton coupant, cynisme, ton accusateur, critique ou ironique. Les discours seront émaillés de petites réflexions aigres, gratuites mais visant à blesser.
Il arrive que certains « stockent » leurs émotions jusqu’au trop plein où ils laissent s’exprimer une émotion disproportionnée avant de recommencer le stock. On retrouve dans le langage de ces personnes des expressions comme : j’en ai ras-le-bol, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, je note, je note, c’est une fois de trop, il l’a bien mérité !...
D’autres personnes vont utiliser des émotions pour obtenir ce qu’elles veulent (en exagérant les signes de sa dépression/ tristesse, la mère obtiendra de l’attention). On parle de « racket affectif » qui est en fait une manière de cacher ses vraies émotions. Si vous ne cédez pas au chantage, la personne triste exprimera sa rage, le colérique ses peurs ou sa tristesse…
L’enfant découvre tôt la frustration et c’est un mal nécessaire car c’est la présence de limites qui fait naitre cette émotion. La frustration, c’est notre impuissance à agir sur notre environnement. L’enfant qui n’apprend pas à la gérer devient un adulte impulsif, rageur, compulsifs. A l’inverse ceux qui savent la gérer sont matures, sociables, capables de patience, et d’endurance. Ils peuvent atteindre des objectifs à bénéfice non immédiat, i.e. des objectifs à long termes (faire des études, des économies, un régime…). Ils sont aussi capables de self control (sans quoi s’exprime la rage –qui ne trouve d’issue que dans la violence et est donc différente de la colère qui impulse l’action-)
La frustration se transforme en colère quand notre espace est envahi.
Quand on ne sait gérer ni la frustration, ni la colère on s’expose à toutes sortes de désagréments. La rancune et le ressentiment sont des tentatives maladroites pour imposer ses limites aux autres.
La haine (rage + colère) provient d’une douloureuse atteinte narcissique et peut faire naitre un désir de vengeance bien sûr inefficace.
On peut définir un autre groupe d’émotions liées à la relation dominant/dominé (relation qui n’existe pas en soi, on a tous la même valeur en tant qu’être humain, mais que l’éducation nous amène à croire). Quand l’enfant, puis l’adulte, se sentira inférieur il ressentira de la honte, de l’admiration, de l’envie ou de la jalousie. Et quand il se sentira supérieur, il ressentira du mépris, de la moquerie ou de la pitié.
Dans des cas extrêmes où on fait croire à l’enfant qu’il n’y a personne de « OK » son comportement sera destructeur et ses émotions seront la dépression, le découragement, la haine, l’indifférence pour lui comme pour les autres.
Restaurer son potentiel émotionnel.
Les comportements de dépendance et les comportements compulsifs sont liés à une mauvaise gestion des émotions et sont un moyen de décharger une angoisse lancinante.
Par ailleurs, les émotions ne font souffrir que parce que nous les réprimons alors que nous abandonner nous apporte un apaisement immédiat. Pour cela il faut se donner le droit : le droit d’être joyeux, triste, en colère ou d’avoir peur sans honte ni culpabilité.
Les émotions doivent être seulement adaptées :
- A une situation. L’émotion ressentie est-elle bien celle qui convient à ce moment là ?
- Au moment. Est-elle vécue au moment de l’événement qui l’a provoquée ?
- En intensité. La force de l’émotion est-elle proportionnelle à l’événement ?
- En durée. Le temps passé à éprouvé cette émotion est-il proportionné ?
Pour se redonner le droit d’être joyeux, un travail sur les sens est nécessaire. Il faut réapprendre à ressentir ce qui est agréable. Chaque jour mangez quelque chose de bon, sentez un parfum agréable, observez quelque chose de beau et apportez de la douceur à votre peau (massage, bain, porter un vêtement doux, caresses…), écoutez une musique que vous aimez ou le chant des oiseaux…
Se donner le droit d’être triste. Les adultes, les garçons et a fortiori les garçons adultes ne se permettent pas toujours d’être triste or la tristesse, le temps de deuil, est nécessaire pour pouvoir ensuite aller de l’avant. Ce deuil est évident suite au décès d’un proche mais on peut aussi être triste de la mort d’un animal, après une rupture amoureuse, ou parce qu’on a cassé un objet que l’on aimait. Une tristesse proportionnée est toujours normale quand quelque chose n’est plus, à chaque fois qu’il faut s’adapter à un changement (et seulement dans ce cas). Observez les fois où vous vous sentez triste. Cette émotion est-elle liée à un changement, une perte ? Si oui, accueillez-la, acceptez-la. Si non, quelle autre émotion plus juste cette tristesse peut-elle cacher ? Quels événements vivez-vous en ce moment ? Avez-vous des projets ?
Le droit d’être en colère. La colère est saine (pas la rage) car elle est le garant de votre identité. Elle est nécessaire à chaque fois qu’il s’agit de protéger votre espace vital et vos valeurs (votre temps, votre corps, vos croyances, votre identité…) Dès que vous ressentez les premiers frémissements d’agacement, exprimez votre ressenti, votre désaccord… faites entendre votre voix ; Dites « je cois/pense/ressens… » + restez concret. Parlez de vous au lieu d’attaquer. Si c’est difficile pour vous, commencez par formuler tout ça pour vous-même, peut-être à l’écrit. Plus tard vous saurez vous défendre face aux autres.
Remarque : chez certaines personnes le besoin d’être aimé est plus important que celui d’être respecté. Ils n’osent alors pas dire ce qu’ils pensent, s’opposer de peur de perdre cet amour or cette stratégie ne peut pas être bonne : on attend autre chose de la personne aimée que de dire oui à tout.
Autorisez-vous à avoir peur. La peur est souvent omniprésente dans nos vies mais ce sont souvent des peurs irrationnelles, des peurs héritées, apprises. Les parents, la société nous transmettent des peurs qui ne sont pas les nôtres et qui pourtant nous empêchent d’avancer. Les seules peurs qui sont jutes, sont celles qui nous invitent à avancer avec vigilance, à bien nous préparer avant d’agir.
Par ailleurs, pour savoir si une de vos peurs est rationnelle demandez-vous quel est le pire du pire qui puisse vous arriver ? Et si ce pire est objectivement probable ? Je rajouterai : « suis-je capable de surmonter cet événement (= le pire) s’il advenait ? »
NB la dépression n’est pas une émotion liée à la tristesse mais plutôt à la colère. C’est une perte du goût de vivre, due à l’impossibilité d’exprimer sa colère et de faire respecter son intégrité. Le sentiment d’impuissance et de perte d’estime de soi qui en résultent engendrent un découragement croissant associé à de la fatigue et de la démotivation. La tristesse peut se vivre sans perte d’estime de soi ni perte du goût de vivre, chez les gens qui savent se mettre en colère quand il le faut.
Notez ce qui vous agace chez les autres, les comportements que vous trouvez déplacés, ridicules et demandez-vous si cela correspond à un interdit chez vous ? (peut-être une émotion interdite) Si oui, pourquoi ne vous le permettez-vous pas ?
Si vous voulez mieux comprendre vos émotions et que vous souhaitez être accompagné(e) pour cela, n'hésitez pas à me contacter.
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